En Centrafrique, la situation se dégrade à la veille de la présidentielle

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Les groupes armés se coordonnent pour lancer de nouvelles attaques, alors que le pays s’apprête, dimanche 27 décembre, à élire son président. La ville de Bambari, au centre, serait tombée entre les mains d’un de ces groupes, mardi 22 décembre, ce qu’a contesté l’ONU le lendemain.

« La situation est sous contrôle à Bambari », a indiqué Abdoulaziz Fall, porte-parole de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca). « Les civils commencent à revenir. Les groupes armés ont été repoussés dans la brousse », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse tenue à Bangui, mercredi 23 décembre. La veille, cette ville du centre, la quatrième de Centrafrique, était tombée entre les mains de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), l’un des deux principaux groupes issus des ex-Seleka – les rebelles nordistes qui avaient renversé le président Bozizé en mars 2013.

Bien que Bambari soit défendue par la Minusca et l’armée centrafricaine appuyée par des mercenaires russes, l’UPC avait pris la ville sans « violence contre les habitants », a alerté son maire, Abel Matchipata, le 22 décembre. Les rebelles avaient toutefois pillé le commissariat, la gendarmerie et des maisons de particuliers, a-t-il ajouté. À cette heure, impossible de vérifier qui dit la vérité dans cette ville où le contingent de l’ONU et l’UPC coexiste difficilement depuis 2014.

► Qui constitue l’UPC ?

L’Unité pour la paix en Centrafrique est un groupe principalement composé de Peuls, dirigé par Ali Darrassa, lui-même Peul né au Tchad. L’UPC a pris pied à Bambari en décembre 2012 et ne l’a jamais vraiment quittée, même après l’arrivée sur place au printemps 2014 des Français de l’opération Sangaris et des Casques bleus de la Minusca. Les forces internationales ne se sont jamais aventurées à les désarmer.

Dans cette région où les relations entre les éleveurs peuls et les agriculteurs sédentaires sont très tendues, l’UPC apparaît comme protectrice des premiers. Les seconds sont défendus par des milices d’autodéfense, les anti-balaka. Ces deux groupes sont accusés d’avoir commis – et de commettre encore – des exactions et des massacres dans la région. Ali Darrassa n’a jamais vraiment été menacé par la Minusca, ni par le pouvoir à Bangui.

► La situation est-elle en train de dégénérer en Centrafrique ?

À quelques jours de la présidentielle, prévue le 27 décembre, la situation s’est en effet brusquement dégradée. L’attaque de Bambari a été précédée de peu par la création, le 17 décembre, d’une nouvelle coalition de groupes rebelles, dont l’UPC : la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). 2012 avait vu la fondation de la Seleka, 2013 l’apparition de ses ennemis, les anti-balaka. La CPC a réussi à fusionner ces groupes ennemis, quelques jours à peine après le rejet, par la Cour constitutionnelle, de la candidature de l’ancien président François Bozizé à l’élection présidentielle.

Dans l’ouest du pays où ils sont majoritaires, les anti-balaka de la CPC ont pris à nouveaux les armes contre le gouvernement central, à la fin de la semaine dernière. Ils stationnent désormais à une centaine de kilomètres de Bangui.

► La CPC va-t-elle prendre Bangui ?

Pour le moment, la CPC est en train d’encercler la capitale centrafricaine. Bangui accuse l’ancien président François Bozizé d’être derrière cette coalition afin de s’emparer par la force du pouvoir. En réponse à la montée des menaces, la Russie et le Rwanda ont envoyé plusieurs centaines de soldats pour soutenir le président Touadera.

Dans ce contexte très volatil, ce dernier maintient toujours la date de l’élection présidentielle le 27 décembre. Plusieurs voix se sont élevées pour demander son report, le temps de calmer les esprits et d’éviter une aggravation de la situation.

Source: la-croix.com