Le cinquième roman de l’écrivaine camerounaise évoque les mariages forcés, le viol conjugal et la polygamie.
Le prix Goncourt des lycéens a été attribué aux Impatientes, de Djaïli Amadou Amal (éditions Emmanuelle Collas). L’annonce a été faite mercredi 2 décembre sur le site de la Fnac, coorganisateur de l’événement avec le ministère de l’éducation, de la jeunesse et des sports. L’ouvrage avait également été finaliste du prix Goncourt, remis lundi 30 novembre à L’Anomalie, d’Hervé Le Tellier (Gallimard). Djaïli Amadou Amal succède à Karine Tuil, récompensée en 2019 pour Les Choses humaines (Gallimard).
Un ordre : « Munyal ! », patience
Les Impatientes est le premier roman de son autrice à paraître en France, mais il est déjà le cinquième qu’elle publie. L’écrivaine camerounaise ne dissimule pas ce qu’il emprunte à sa propre histoire, elle qui fut mariée à l’âge de 17 ans à un « milliardaire » d’une cinquantaine d’années.
On y suit trois personnages : Ramla, mariée de force à un quinquagénaire alors qu’elle était promise à un garçon de son âge qu’elle aimait ; Hindou, unie le même jour, elle aussi contre son gré, à son cousin alcoolique, drogué et violent, et Safira, la « coépouse » de Ramla, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de la jeune femme après vingt-deux ans d’union monogame.
Toutes se voient intimer depuis toujours un même ordre : « Munyal ! », qui signifie patience, et doit leur permettre d’appréhender avec sagesse leur condition – en réalité de se soumettre à l’ordre patriarcal et de supporter viols conjugaux et vie dans une maison polygame, où tout le monde s’épie, où chaque épouse craint que les autres ne menacent sa situation et celle de ses enfants.
Si Les Impatientes peut sembler un peu démonstratif, son propos résonne singulièrement dans une époque travaillée par les violences faites aux femmes. La fondatrice des éditions Emmanuelle Collas (créées en 2018) avait découvert le texte en 2019, lorsqu’il s’était vu décerner le prix Orange du livre en Afrique.
Le jury du Goncourt des lycéens réunit chaque année quelque 2 000 élèves de seconde, première et terminale, venus des sections générale, technologique et professionnelle. Ils sont amenés à interroger les auteurs (qui sont au départ ceux de la première liste du Goncourt). Cette année, contexte sanitaire oblige, les rencontres ont eu lieu sous un format numérique.
Source: Le mondd