Il n’existe pas une société peule, mais des sociétés peules ; « Planète Peule ». Le corpus peul est dit « souple » et adaptable. Il est en évolution perpétuelle, tout en conservant ses traits caractéristiques initiaux. Les Peuls sont endogames semi agnatiques. La femme n’est pas voilée et il n’y a pas de lévirat.
Il existe quatre mariages traditionnels peuls avec quatre divorces correspondants : • – le premier mariage est décidé par les parents ; ce mariage (dewgal) a lieu vers 21 ans ; • – le deuxième après un divorce ou un veuvage ; • – le troisième, le « mariage-don » (politique) ; • – enfin, le culnol, concubinage d’un noble avec une kordo, femme de condition servile.
Un cinquième mariage islamique a été rajouté aux alentours du xvie siècle. Il est rendu par le cadi, juge musulman, et possède deux divorces associés. Tous les types de mariages existent chez les Peuls. Les « Peuls rouges » sont monogames. Les Peuls sont monogames dans l’ensemble. Ils peuvent divorcer plusieurs fois et ils contractent souvent plusieurs mariages au cours de leur vie 2 ou 3 ; la polygamie se rencontre surtout dans les villes chez les Peuls islamisés.
Règles du cousinage (cousins de lait endam et cousins de noms, cousins de clans). Chez les Peuls Wodaabe, les enfants sont mariés très jeunes car il existe un mythe fondateur du garçon et de la petite fille. Mais la jeune fille a le droit de vivre sa vie de célibataire jusqu’à ses dix-huit ans. Chez les Bororos, lors du worso « fêtes du Printemps », les hommes dansent le guerewol (photo) où elles peuvent choisir un fiancé. Les Wodaabe sont des monogames « successifs » avec nombreux divorces ou séparations. Le concubinage est interdit et rapidement scellé par un teegal « épousailles ». On note une survivance d’une ancienne gynécocratie, l’héritage est utérin (matrilinéaire).
Les pasteurs
La diversité peule tient à un éclatement des cadres géographiques. Autrefois disposé en archipels dans la zone sahélo-saharienne, le peuplement tend à se diffuser et à s’atomiser. Contesté par des cultivateurs et des agroéleveurs, le pastoralisme l’est également par d’autres pasteurs du Sahel : Touaregs, Toubous). Dernièrement, les Arabes du Tchad, descendus de façon massive dans les savanes de ce pays, ont poussé les pasteurs Peuls à descendre en Centre-Afrique, Côte d’Ivoire, Cameroun, Nigeria) où la réussite de ce pastoralisme sur de nouvelles bases écologiques en savanes humides est le plus grand défi actuel des pasteurs Peuls.
Castes
Les règles des castes ne semblent pas être remises en cause par le développement économique. Chacun reste dans son domaine de compétences traditionnelles. Dans les villes, il existe trois classes sociales : Les nobles : • DurooBe nobles ( transhumants ). • Jaawambe, jaawanndo au sing, conseillers et auxiliaires armés des rimbe. Les artisans castés : Regroupés sous le nom de nyeenybe, nyenyo au sing : • Maabuube, maabo, tisserands, potières. • Wailybe, baylo, bijoutiers, forgerons. • Lawbe, labbo, boisseliers. • Sakkebe, sakke, cordonniers. • Bammbaado, wammbaabe, griots musiciens.
Les nyeenybe, sont réputés pour leur endogamie. Les serviles : • maccube, maccudo, ou kordo. Les serviles sont d’origines ethniques diverses, souvent prisonniers de guerres, anciens serviteurs pour le bétail, l’agriculture, la forge. Ils sont devenus autonomes et développent des entreprises L’ensemble comporte de nombreux homonymes suivant les parlers locaux ainsi que des articulations intercastes, mais relèvent toujours des mêmes distinctions sociales. Les Peuls, hormis les castes, sont regroupés en de nombreux clans ou tribus appelés leyyi : • Les fulbe ururbe ou worworbe présents partout, au Sénégal, Fouta-Djallon, Mali, Niger, Mauretanie, Burkina-Faso, ce sont les Peuls de l’ouest, à l’est ils prennent le nom de burure ou bororo’en. Ils sont parmi les premiers Peuls qui ce sont sédentarisés. • Les fulbe laace, ce sont des Peuls qu’ont trouve spécialement au Sénégal, dans la région du djolof. Ils sont liés aux Wolofs avec qui ils cohabitent, (interpénétration linguistique), ils gardent les troupeaux des Wolofs, on les trouvait aussi dans le Sine-Saloum, et le Ferlo où ils nomadisaient, ont les appellent aussi fulbe jeeri nom qu’on donne en général à tous les fulbe de cette partie du Sénégal, la plupart sont de patronyme ka. • Les fulbe jaawBe, la plus grande des leyyi peule, ils sont particulièrement présent au Sénégal, Mali, ils pratiquent l’élevage surtout ovin, mais aussi la pêche, pour les jaawBe dalli, ils se fixent parfois prés des fleuves, il y a de nombreux sous-groupes jaawbe. Ils sont à l’origine de la caste peule des jaawamBe, réputés pour être de fins stratèges dans l’ancien Fouta-toro. • Les fulbe cuutinkoobe, Peuls originaires de l’ancienne région du Diara entre l’est Sénégalais, et l’ouest malien, ils sont un sous-groupe de la grande famille peule des raneebe, la plupart d’entre eux sont de patronymes Diallo, les cuutinkoobe, étaient à l’origine des jaawBe, ils sont présent au sud du Sénégal, Guinée-Bissau, Guinée. • Les fulbe yirlaabe, ils sont les Peuls les plus à l’est, Tchad, nord-est Nigeria, Adamaoua dans le Nord du Cameroun. Les yirlaabe ou ngiril, sont très présents à l’Ouest également. Ils sont tous originaires du Fouta-Toro. • Les Fulbe wodaabe, surtout présents au Niger aujourd’hui et originaires du Diafunu, certains ce nomme diafunu’en, ancienne région englobant le Sahel mauritanien, le Macina au Mali, le Nord-Est du Sénégal. Ce sont les Peuls ayant le plus conservé leurs traditions nomades et leur culture, ce sont également les plus rustiques, ils sont restés très proches de la nature, ils sont de grands bouviers, et même s’ils sont majoritairement musulmans, ils pratiquent un islam très sommaire. Ils sont présent au Sénégal ou ils sont disséminés un peu partout et ou l’on trouve de nombreux sous-groupe, au Fouta-Djalon, où beaucoup se sont sédentarisés. Dans cette leyyi les sédentaires islamisés sont appelés wolarBe. Ces clans sont parfois divisés en plusieurs fractions et sous-fractions appelées kinde, selon leurs patronymes, les régions qu’ils habitent, les animaux qu’ils élèvent bovin, ovin, l’ancêtre (chef clanique) dont ils se réclament, il existe encore d’autres clans, dont les kolyaabe de koli Tenguella, les yaalalbe. Les castes sont les mêmes, pour toutes les leyyi. Certains clans peuls, sont liés part le jongu, un lien de parenté, qui les oblige à l’entraide, au respect mutuel. • Il existe 31 groupes nomades, 48 groupes semi-nomades et 29 groupes sédentarisés
Patronymes
Les Peuls originaires d’Orient arrivés sur place, auraient cherché à recréer leur idéal de société, à savoir la « trifonctionnalité » propre aux sociétés iraniennes Védisme que les Portugais après les avoir découvertes en Inde appelleront casto, « distinction, séparation ». Sa conservation et son influence trouve son actualisation dans la permanence des compétences traditionnelles qui s’héritent en mode patrilinéaire pour ce qui est des professions.Tournés vers l’ extérieur, les bhari souvent cités ou auquels se réfèrent les sociétés peules pour tout type de conseils et d’enseignements sont en majorité des hommes.
On trouve ainsi par position sociale
1.Bari Rhaldiyanké : détenteurs du pouvoir temporel, veillent au bon fonctionnement du groupe. Bari Sériyanké : détenteurs du pouvoir spirituel, responsables de l’enseignement. Bari Soriyanké : détenteur du pouvoir judiciaire. 2.Bâ construction à partir de la racine initiale bh(r) sont les « guerriers », les « porteurs de tambours » et « vont au combat avec le sourire », d’où une confusion étymologique avec Diallow ( jaal ) « taquiner, plaisanter » ( Peul + Mandingue ) mais [ ba’ ] en racine Peule veut dire « tourner en dérision ». Les Bâ vont au combat avec le sourire, mais « ils ne peuvent pas expliquer les choses », ce sont les Bari qui en ont la charge. Ils s’occupent de la transmission, de l’éducation, de la mémoire et de l’« élévation spirituelle ». 3.Saw / Sow [sau] en pular ; « doubler, séparer, distinguer », « métis » par euphé.Dans la société Peule ils sont les artisans, les commerçants. 3° fonction. Pul. / [so’]« suivre », « se mêler de » ; « apporter du bois » ; « impurs » – D’après Cheik Anta Diop il pourrait s’agir d’un rameau du peuple Sao, ayant « suivi » les Peuls depuis le Soudan Les patronymes peuls les plus courants de nos jours sont : Ba, Barry, Bari & Bahri ( Tchad , sud Libye ), Akbari ( Soudan, Mali ), Barani ( centrafrique ), Bar ( Burkina-Faso ) , Egge, Ka, Diallo, Sall, Sow, Dia, Baldé, Bal, Baandé, Nouba, Dioum, Diagayété, Seydi, Seydou, Diaw, Thiam, Mbow, Niane, Bocoum, Déme, Diack, ( intégration dans le groupe Wolofs du Sénégal, Mali, Mauritanie. Kara, Kan, Khan, Han, Hanne, Kaka, Kandé ( Niger et Burkina-Faso ). Les Diamanka, Mballo, Boiro, Sabaly, Diao, Baldé, Seydi, Kandé, habitent historiquement la région de Kolda au Sénégal où était situé historiquement l’État du Fouladou, entre le Sud du Sénégal et le Nord de la Guinée-Bissau ) ; Dicko ( Peuls Ardo, Guerrier ) et Bello ( Niger, Nigeria ) ; Baal ( Sénégal ) ; Sow deviennent Sidibé au ( Mali, Guinée, Burkina-Faso ) ; les Sangaré du Mali, deviennent Sankara au Burkina-Faso, qui devient Shagari au Nigeria…
Les Toucouleurs
Les Toucouleurs ou Haalpulaaren ou foutankobé (foutanké au sing.), constituent un peuple d’Afrique de l’Ouest vivant principalement dans le nord du Sénégal où ils représentent 13% de la population, dans la vallée du fleuve Sénégal, en Mauritanie et au Mali. Même s’ils sont souvent présentés comme un groupe ethnique, il ne s’agirait pas, selon l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ, d’une ethnie, mais plutôt « d’un ensemble culturel assez homogène (islamisé et foulaphone, c’est-à-dire parlant peul) »
Origine du nom
Le nom originel du peuple Toucouleur, est Tekrouri. Les Tekrouri, a l’origine un ethnie distincte, ont par la suite fusionner avec les Sereres et les Peuls, etc.
L’origine de ce nom « Toucouleur » est française ; c’est en effet des ethnologues français qui ont décidé à la fin du XIXe siècle de nommer ces populations du haut fleuve Sénégal « Toucouleur » à cause de leurs origines ethniques multiples. Toucouleurs veut dire littéralement « de toutes les couleurs ». Cette population ont trouvé dans le nom « Toucouleur » un statut juridique territorial donnée par l’administration coloniales française de la fin du XIX siècle, une identité stable.
Ayant conscience de leurs origines multiples, ils se définissent par Halpulaar’en (Ceux qui parle le Pulaar) et Foutankobé (Ceux qui habitent le Fouta). Adherant tous a l’islam, la religion et d’autant plus un facteur d’unité de ce peuple à l’identité diverses.
Population
Proches des Peuls, ils s’en différencient surtout par leur sédentarité. Les Toucouleurs sont très majoritairement musulmans. Ils sont à l’origine de l’islamisation du Sénégal, avec les Sarakolés. La langue parlée est le peul du Fouta-Toro. Ils se nomment eux-mêmes Haalpulaaren, ce qui signifie « Ceux qui parle le pulaar », la langue peul. Leur langue présente toutefois de légères différences avec d’autres dialectes de la langue peul. Mêmes si les méthodologies ont été différentes, plusieurs enquêtes permettent de tenter une évaluation du nombre de Toucouleurs au Sénégal. En 1921, un recensement en dénombre 146 6572, soit 14,22% de la population totale. Pour 1948, un annuaire de l’AOF estime leur nombre à 194 500, soit 9,9 0%3. Des statistiques de 1960 portent leur nombre à 422 0004, soit 13,6 %. Au recensement de 1976, les Toucouleurs sont 523 9905, soit 10,6 %. Lors de celui de 1988 ils ne sont pas décomptés séparément, mais réunis aux Peuls et aux Laobés (Haalpulaaren) pour former un groupe de 1 572 510 personnes6, soit 23,2 %.
Histoire
Les recherches du scientifique Cheikh Anta Diop et d’autres, ont prouvé qu’à l’origine les Toucouleurs, dont le réel ethnonyme est celui de Tekrouri, sont originaire de la vallée du Nil Les Toucouleurs sont à l’origine de l’ancien royaume de Tekrour. Leur nom français est une déformation du nom de ce royaume. Les Toucouleurs se sont par la suite métissés avec les Peuls et Sérères, mais ils se sont aussi mélangés à d’autres ethnies : Wolofs, Bambaras, Maures, etc. Malgré les brassages très poussés, il y a bien une souche purement Toucouleurs (Tekrouri). Les Toucouleurs ont créé l’État du Fouta-Toro avec les Peuls, ainsi que le royaume du Boundou au Sénégal. On trouve également quelques familles Toucouleurs au Fouta-Djalon. les Toucouleurs étaient présents au Cayor, royaume Wolof, dans la province du Ndiambour, au Baol, et au Saloum où ils sont arrivés par vagues successives en partant du Fouta-toro, au milieu du XVe siècle, sous la conduite de Ali Elibana Sall, puis à la fin du XVIIIe siècle. El Hadj Oumar Tall a fondé un empire toucouleur au xixe siècle sur une partie de l’actuel Mali. De religion traditionnel à l’origine, les Toucouleurs ont été convertis à l’islam par les Dyula d’origine mandingue, eux-mêmes convertis pacifiquement par les commerçants musulmans arabo-berbères, venus commercer avec l’empire du Wagadou, au xie siècle, et les Maures. Les Dyula tenaient le rôle d’intermédiaire entre les commerçants arabo-berbères, et les ethnies africaines. Les Toucouleurs ont plus tard participé à la guerre sainte que les Almoravides menaient contre l’empire du Ghana. Les toucouleurs avec leur prosélytisme religieux, allaient par la suite devenir parmi les plus grands propagateurs de l’islam en Afrique de l’ouest, par le biais du djihad. Au fouta-toro, les toucouleurs commencèrent leur prise de pouvoir à partir de l’année 1776, qui marque le début de la révolution torodo, avec les marabouts Souleymane Baal et Abdoul Kader Kane, tous deux formés au cayor. Abdoul Kader, connut une grande défaite militaire, à Bankhoye en allant combattre les troupes wolofs Tiédos dirigés par Damel Cayor, Amari Ngoné Sobel Fall, allié au Brack du Waalo Fara Peinda Tégue Rella Mbodj il fut retenu captif à sa cour pendant de nombreux mois avant d’être relaché. Abdul Kader, considéré comme le premier Almamy du Fouta-Toro, délivrera cet état du joug incessant des Maures[non neutre], qui razziaient les villages du Fouta, à la recherche d’esclaves. Au milieu du XIXe siècle, Maba Diakhou Bâ, de père Toucouleur et de mère wolof, originaire du Royaume du Saloum, sous les recommandations de El Hadji Oumar Tall, mena une guerre sainte au Saloum, et réussit à en annexer quelques provinces. Il prit par la suite le titre de Almamy du Rip, sa province d’origine, où il renomma la capital du Rip en Nioro du Rip. Il meurt en allant combattre les Sereres du Royaume du Sine, dirigés par le Bour Sine, Coumba Ndoffene Diouf.
Les castes
De type patriarcal, la société toucouleure est très fortement hiérarchisée en douze castes réparties en trois classes. Les Sebbe (Ceddo au sing.), qui sont des guerriers d’origines diverses, pour certains descendants des soldats Koli Tenguella, les Deniankobé. Ils sont chargés de l’administration et de la défense. Il y a plusieurs catégories de sebbes, mais il n’y a pas de hiérarchie entre elles. Ils étaient aussi chasseurs, et agriculteurs en temps de paix. Ils étaient à l’origine au plus haut dans la hiérarchie, c’est après la prise du pouvoir par les torodo en 1776, qu’ils ont régressé. Malgré cela, ils étaient très indépendants et redoutés des torodo qui n’ont jamais pu leur imposer une véritable domination. Les Sebbes étaient connus pour leur fierté et leur intrépidités, ils n’avaient nul peur de la mort, belliqueux ils intervenaient dans la plupart des conflits. À l’époque de l’Empire du Djolof, le Buurba Jolof Tyukuli Ndiklam dirigeant de l’empire, installa des gouverneurs farba, pour son compte, tous d’origine Sebbe, au fouta-toro passé sous domination du Djolof. Koly Tenguella et son groupe Denianke, délivra le Fouta-Toro de l’emprise du Djolof, et les Sebbe gardèrent leur rôle. De religion traditionnelle à l’origine, ils ont selon les uns, été convertis à l’islam de façon pacifique, à une époque où cette religion gagnait de plus en plus d’adeptes. Mais il semblerait qu’ils se soient tournés vers l’islam, pour des raisons politique, à une époque où le Fouta-Toro était sous le joug des Maures, afin de se concilier ceux-ci. Ils pratiquaient toutefois un islam très superficiel. Ils sont parmi les plus anciens habitants du Tékrour. Voir Tiedos. Les Toorobbe (Torodo au singulier) représentent le pouvoir religieux. Dans le Fouta-toro ancien, l’almamy qui représentait le chef religieux était choisi parmi les torodos les plus savants dans le domaine de l’islam, qui portaient le titre de thierno. Les torodo sont d’origines variées, et en dehors de leur profession islamique, ils sont agriculteurs, ils ne sont arrivés au sommet de la sociétés qu’à partir de la fin du xviiie siècle, en reversant les Sebbe, lors de la révolution Torodo en 1776, orchestrée par Souleymane Baal. À partir de ce moment ils furent à l’origine de nombreux états islamiques en Afrique de l’ouest. Toujours dans la classe des nobles, on note les Subalbes, Cuballo au singulier, qui sont des guerriers et des pêcheurs, ils sont souvent d’origines wolofs et sereres. Le chef des subalbe porte le titre de diagodin, teen. Au fouta-toro, ce sont eux qui contrôlaient le trafic du fleuve. En temps de guerre, ils constituaient aussi de puissantes flottes guerrières. Ils portent souvent les patronymes, Sarr, Diaw, Faye, Diouf, Dieng, Diop. Ils nouent des alliances avec les sebbe, avec qui ils ont beaucoup en commun. Les Jaawanbe (Jaawando au singulier), font partie de la classe des nobles ; ce sont les courtisans et les conseillers de la cour, ils portent pour la majorité les patronymes Diaw, Ndjim, Daf, Niane et Bocoum et sont d’origine peulh. Ils étaient réputés pour leurs talents en ce qui concerne les stratégies guerrières, et pour gouverner. Ce sont également de grands commerçants. Après la classe des nobles vient la classe des NyenyBe, équivalent des Nyenyo des pays wolofs. Ils se distinguent des nobles de par leurs métiers, soit artisans ou laudateurs, ils sont d’origine variée, et de nombreux interdits les touchent, pratiquant l’endogamie stricte ; il n’y a pas de véritable hiérarchie entre eux, chaque catégorie a ses croyances et ses rites, liées au métier. Ils sont divisés selon leur métier : il existe à l’intérieur des ces castes des sous-castes : Les Wayilbe (Baylo au singulier), les artisans du fer, les forgerons et les bijoutiers. D’origines diverses, mandingues, peulhs ou wolofs. Dans cette caste, les patronymes Mbow, Thiam et Kanté sont fréquents. Les forgerons bénéficiaient à l’époque du Tekrour de grands privilèges. La première dynastie du Tekrour, les Dia-ogo, étaient de grands forgerons. Leur prestige diminua au fil des siècles, jusqu’à être marginalisés, craints et frappés de nombreux interdits. Parmi les wayilbe, certains devinrent de grands marabouts. Les Laobés, artisans du bois, sont également d’origines diverses, mais les véritables Laobés sont d’origine peulh et portent souvent les patronymes Sow et Dioum, ceux de la légende peulh des trois frères Dicko expliquant l’origine des Laobés. Ils sont très indépendants, à tel point qu’on les considère souvent comme une ethnie distincte. Ils sont aussi nomades en ce qui concerne les Laobes worworbe qui pour certains voyagent avec les Peulhs dans leur transhumance pour leur fournir des matériaux. Ce sont ces Laobés que l’on retrouve chez les Wolofs et les Sérères où ils constituent également dans leur société la caste des artisans du bois. • Les Maabube, Maabo au singulier : la classe des tisserands, ici les noms Guissé, Sangott et Tall sont les plus fréquents. Tous tisserands à l’origine, certains d’entre eux sont devenus des Maabube jaawambe, spécialistes de la généalogie de Jaawambe ou Maabube saadu paate, spécialistes de celle des Subalbe. Les clans ancestraux Malinkés (Guissé et Sanghott) sont à l’origine de cette caste. • Les Sakeebee (Sakke au singulier) : la classe des travailleurs du cuir est considérée comme authentique sakeebe les Beye et Gakou. Ceux détenant les secrets liés à cette caste dont on considère qu’ils en sont les initiateurs. • Les Buurnabe (Burnaajo au singulier) : la classe des potiers et des céramistes, le nom Wade est très présent ici. • Les Waambaabe (Bambado au singulier) : qui représentent les guitaristes, les musiciens, spécialistes des chants épiques et guerriers. À la guerre, ce sont les porte-étendards. Ils sont d’origines diverses, mais les véritables Bambado descendent comme les Laobés des Peulhs. On les retrouve également dans la légende des trois frères Dicko. Ils portent souvent le patronyme Bah. Quelques Laobes, Wayilbe, et Maabube sont devenus Bambado, ce qui explique la présence de nom Guissé chez eux, entre autres. • Enfin, les Awlube (Gawlo au singulier) : les griots, qui clôturent la classe des Nyenybe. La plupart des Gawlo halpulaar sont d’origine wolof. Ils portent les noms Mboum, Lam, Mbaye, Samb, Seck, Dieng, Gadio. Les Maccube, Jyaabe ou Kordo représentent la caste des captifs. Ils se situent au plus bas dans la hiérarchie. Ils proviennent de toutes origines. On distingue les Jyaabe sottiibe représentant les captifs affranchis, et les Jyaabe haalfabe qui eux sont demeurés captifs. La servitude qu’ils ont connue n’existe plus. Malgré leurs origines diverses, ils parlent tous le pulaar, et d’ailleurs seuls leurs patronymes indiquent leur origine ethnique. Cependant ils se reconnaissent tous comme Toucouleurs, toutes castes confondues
Culture
Entre les Toucouleurs et les Sérères, il existe un lien de cousinage, qu’on appelle la parenté à plaisanterie. Ce lien qui existe entre ces deux ethnies leur permet de se critiquer, mais aussi les oblige à l’entraide, au respect mutuel. Les Haalpulaaren appellent ce cousinage le dendiraagal ou jongu, ce lien existe aussi entre les noms claniques ou patronymes. Les classes d’âge concernaient surtout les enfants et les adolescents. Les Toucouleurs sont reconnaissables grâce à leur chapeau conique, que les Sérères, Diolas et Peulhs portent aussi. Traditionnellement, les hommes se rasaient le crâne et laissaient pousser leur barbe qu’ils taillaient en pointe. Certains se tressaient les cheveux et il y avait une multitudes de coiffures. Les femmes se coiffaient à la manière des femmes wolofs, des coiffures très complexes, et portaient toujours un léger voile par dessus la tête. Les Toucouleurs pratiquent encore de nos jours la scarification. Souvent ils se font deux incisions sur les tempes, autant les hommes que les femmes. Ils y avait aussi le tatouage des lèvres pour les femmes, que les femmes de sakeebe, caste des travailleurs du cuir, pratiquaient. L’excision des femmes est une pratique que les Toucouleurs partagent avec les Mandingues, au Sénégal, Mali et Mauritanie, mais avec les dispositifs de lutte contre cette pratique, elle se fait de moins en moins. Le yela est un chant d’origine haalpulaar.
Patronymes
Les toucouleurs étant un peuple regroupant des groupes ethniques variés, dans cette ethnie la plupart des patronymes sénégalais sont présents : Les études des chercheurs tels que Cheikh Anta Diop, le professeur Saïdou Kane, démontrent que les patronymes Hane, Kane, Ly, Sy, appartiennent à la souche Tékrouri (Toucouleur), Cependant bon nombre de clans Maure, se sont alliés à ces familles, raison pour laquelle des familles Kane, Hane, ly, Sy, revendiquent des origines maure. Les Aw, Tall, Baal, Thiello, Bousso, Yock, Maal, Lô, Wane, Wone, sont purement toucouleurs (Tekrouri). Il existent encore plusieurs dizaines de noms. Le nom Thiam porté par des familles peules et toucouleurs au Sénégal et au Mali, il est aussi porté par de nombreuses familles Wolofs castées. Cela est dû aux migrations toucouleurs en pays wolof, très accentuées pendant que la dynastie des Denianke de Koli Tenguella était au pouvoir au Fouta-Toro du milieu du xvie siècle à la fin du xviiie siècle. Les noms Dia, Diallo, Lam, Dioum, Ka, Sow, NDongo, Ba, Niane, Dicko, Diaw, Sall, Wele, Déme, Ngaido, Thiongane, sont d’origine peulh, Fulbe, portés par des Toucouleurs. Ces familles Peules « Toucouleurisés », étaient regroupées en une multitudes groupes et sous groupes, appelés « Leeyi » ou « KinDe ». Tel les UrurBe, WodaaBe, WalwaalBe, Jaawbe, ect. Chacun de ses groupes, marquaient leurs particularités, de par leurs provenance géographiques (Fouta-Toro, Diara, Macina, Diafunu, Tagant, Ferlo, etc.), leurs Ardo Chef du groupe ou du lignage, ceux étant demeurés de religion traditionnelle et ceux ayant adhérer à l’islam, ceux étant restés nomades ou bien sédentarisés. Les Peuls, quelques soient leurs groupes ou lignages, étaient régis par une éthique nommée Pulaaku, que tout Peul se devait de respecter. Le socle de base du Pulaaku, était avant tout le mode de vie nomade et l’activité pastorale. Dans la société toucouleur, les individus considérés comme étant des Peuls, sont avant toute choses, ceux dont l’élevage est le métier. Un éleveur, quelque soit son origine, sera toujours qualifié de Pullo (Peulh). Les toucouleurs portant les noms : Ndiaye, Diop, Gueye, Niang, Dieng, Gaye, Diouf, Mbodji, Mbaye, Seck, sont d’origine Wolofs ou Sereres, et très souvent du groupe Sebbe/Ceddo, Subalbé, ou Gawlo. Beaucoup descendent des Farba Wolofs, ayant dominé le Fouta-Toro, durant l’empire Djolof. Les Sereres sont parmi les plus anciens habitants du Fouta-Toro. Les toucouleurs portant des noms Soninkés/Mandingues : Camara, Touré, Cissé, et Maure : Aïdara, sont souvent de familles maraboutiques musulmanes. Les ToroBe, sont issus de les groupes ethniques qui composent la société toucouleurs ou Halpulaar’en. Mis à part la souche Tekrouri, les autres Toucouleurs sont un ensembles de maures, sérères, peuls, wolofs, mandingues etc. Ils parlent pulaar et sont tous musulmans. Egalement au fil des siècles, de nombreuses familles peules se sont intégrées à cet ensemble culturel, et se définissent aujourd’hui comme toucouleurs.