Pulaaku

Pulaaku ou Pulaagu dans certaines régions : « être Peul »66

Le pulaaku, parfois traduit par la « foulanité », est « un ensemble de règles très subtiles » morales et sociales, un « code de comportements jugés spécifiquement Peul », voire « l’idéal projeté dans la manière d’être peul ».

« Le pulaaku se retrouve chez tous les groupes Peuls, dans toutes les régions. C’est une preuve de stabilité de la catégorie et une première indication sur sa signification et sa fonction qui, manifestement ne relève pas seulement du besoin d’identification lié à des contextes historiques particuliers. Dans cette acception très générale, on peut parler de la « pulanité » en tant que conscience d’une identité durable, conscience unissant les Peuls, indépendamment de toute explicitation au niveau du contenu — Elizabeth Boesen. »

L’indianiste Stein ajoutera une note enrichie à la notion de segmentary State élaborée par Aidan Southall, à propos du pulaagu comme critère de sélection à chaque niveau de pouvoir. Il note par exemple, l’absence de « séniorité » (contrairement aux successions et élections des groupes africains et au groupe de culture moyen-orientale proches) mais à « l’empilement d’élection » par le conseil de même niveau et de confirmation ou d’intronisation par le niveau supérieur.

« Dès lors, la langue elle-même, serait le pivot de plusieurs champs de signification, au tuilage des sons correspondants aux glissements de sens et le chevauchement des institutions et des groupes. En témoigne le fait que dans les sociétés peules où la « mise en caste » est la plus poussée, les groupes sociaux sont moins cloisonnés que ne le laissaient penser les taxinomies éthiques élaborées dans les années 1960. »

Parmi ces valeurs peules figure la « suavité » (beldum) qui n’existerait que chez les Fulbe (bele sey to Pullo), et qui se concrétise non seulement dans leur hospitalité et leur générosité, mais dans tout leur comportement.

On observe également une réticence à dire « non » (e woodi). C’est ainsi qu’un Peul n’opposera jamais un « non » ferme, il dira “e woodi” (c’est bien). Or, quand un Peul donne gentiment son accord, cela ne veut souvent pas dire grand-chose. Ils décrivent leur comportement comme étant forcé : le sentiment de honte, leur pudeur (semteende) ne leur laisse pas le choix. Le comportement peul n’aurait en quelque sorte aucun rapport avec autrui, mais avant tout avec lui-même.

La vie nomade a développé un caractère indépendant et une hypersensibilité ne favorisant pas le contact avec autrui.

La société peule est fortement hiérarchisée : l’aîné est respecté et même craint.

Les formules de politesse et les règles du savoir-vivre sont nombreuses et très importantes : le vouvoiement est prédominant.

Enfin, savoir « tenir », « se tenir », le contrôle et la maîtrise de soi sont une part fondamentale de la bonne éducation peule : il est malséant de s’enthousiasmer, de manifester bruyamment, de réclamer et de quémander. Ce comportement différencie le Peul « noble » ou « libre » de celui d’origine servile (voir “Contes initiatiques Peuls” ou “Amkoullel, l’enfant Peul” de Amadou Hampâté Bâ).