La Guinée-Conakry aux prises avec les tensions post-électorales

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Huit jours après le scrutin et la réélection contestée d’Alpha Condé, la Guinée est en proie à des violences qui ont fait pour l’instant 21 morts selon les chiffres officiels et plus de 30 selon l’opposition. Une mission de conciliation est sur place, mais l’opposition ne s’attend pas à des progrès significatifs.

Après huit jours de violences consécutives à la réélection contestée du président sortant Alpha Condé , la médiation internationale a « exhorté », mardi, « les autorités guinéennes à lever le dispositif de sécurité déployé autour du domicile de l’opposant Cellou Dalein Diallo ». Ce dernier est crédité de 33,5 % des votes, selon les résultats provisoires annoncés samedi par la commission électorale (Céni), contre 59,5 % pour le président sortant Alpha Condé.

Dialogue inclusif

Pour la médiation internationale, qui rassemble des personnalités des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine (UA) et de l’ONU, seule la levée de ce dispositif peut permettre d’engager « un dialogue inclusif ». La veille de cette déclaration, les membres de la mission de conciliation ont pu rencontrer Cellou Dalein Diallo à son domicile. De la même manière, ils ont pu s’entretenir à Conakry avec le président Alpha Condé, plusieurs représentants du gouvernement guinéen et de la Cour constitutionnelle ou encore avec la commission électorale (Céni). Ils ont également échangé avec des ambassadeurs de pays occidentaux et africains.

Pas d’avancée attendue par l’opposition

« Je n’attends pas grand-chose de ces émissaires […] qui, en réalité, se sont toujours rangés du côté d’Alpha Condé. Mais il est important de saisir toutes les opportunités pour communiquer les informations qui mettent en évidence notre victoire et pour attirer l’attention sur la répression sanglante qui est en train de s’abattre sur les Guinéens », a twitté Cellou Dalein Diallo, peu après la rencontre. Il a également appelé au maintien de la mobilisation.

Il faut avant tout mettre un terme aux violences. Pour la médiation, les forces de sécurité doivent faire preuve de retenue. Jusqu’à présent, ces échauffourées post-électorales ont causé la mort de 21 personnes, selon le gouvernement, 27 selon l’opposition.

Atmosphère tendue

La présence des émissaires n’a pas suffi à détendre l’atmosphère toujours très tendue en début de semaine, à Conakry. Cela, alors que l’appel à manifester contre un troisième mandat d’Alpha Condé lancé par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) n’a été que peu ou pas suivi.

Signe des tensions toujours présentes une semaine après le scrutin, la plupart des boutiques sont restées fermées lundi le long de l’autoroute Fidel Castro, qui mène du centre-ville à l’aéroport à travers des quartiers réputés favorables au pouvoir.

Plus au nord, dans la grande banlieue où domine l’opposition, des policiers, gendarmes et militaires sont présents en force, depuis plusieurs jours. Les jeunes des deux camps s’affrontent tandis qu’Amnesty International dénonce les méthodes musclées des forces de sécurité et les coupures d’internet.

Source: LesEchos