Depuis huit mois des déplacés du Soum sont installés près de Ouagadougou. 600 personnes arrivées en juillet après avoir fui leur village de Silgadji dans le nord du pays en proie aux attaques jihadistes. Ces Mossis ont été accueillis par des villageois peuls avec qui ils cohabitent en bonne intelligence depuis. Tout un symbole dans un contexte de défiance communautaire croissante au Burkina Faso.
Au bout du village, les chèvres broutent de rares arbustes et déambulent au milieu de petites maisons de parpaings. Un lieu aride balayé par les vents de février qui soulèvent la poussière et enrhument les enfants. C’est là que vivent les Peuls de Pazani. Là que vivent aussi les déplacés de Silgadji, échoués ici par hasard, il y a 8 mois.
« Avec ceux du village il n’y a aucun problème, explique Sidick Sawadogo, l’un de leurs doyens. Les vieux nous ont bien accueillis. Il n’y a jamais eu de palabre ou de dispute avec eux. Ils nous ont donné ce dont on avait besoin. Vraiment on s’entend très bien ».
La chose peut surprendre quand on sait que dans le nord du Burkina en proie à la violence, les communautés mossi et peule, notamment, se regardent de plus en plus avec défiance, les derniers étant souvent perçus comme des complices des jihadistes. « Ici, c’est un village peul mais on se côtoie très bien, assure Ali Tapsoba, l’un de ces déplacés. Il n’y a pas cette méfiance comme là d’où on vient. Ici, toutes les ethnies se côtoient. »
Sous son arbre en face de la petite mosquée, le vieux Boukary Diallo, adjoint du chef du village ne se sent absolument pas concerné par cette méfiance croissante entre communautés dans certaines zones du pays. « C’est les affaires du nord. Ici, Peuls, Mossis… On est tous les mêmes. C’est notre famille. Il n’y a pas de différence. C’est la confiance. »